…c'est l'espace du paysage, non d'un paysage-spectacle mais d'un paysage- milieu. Il nous enveloppe et nous traverse. Nous sommes immergés en lui : notre Ici ne se réfère qu'à lui-même. Où que nous portions nos pas, notre horizon se déplace avec nous. Nous sommes toujours à l'origine. Nous sommes perdus. Et nous serions condamnés à cette perdition et à l'errance si nous ne hantions le monde autour de nous à partir de certains foyers.
Henry Maldiney
( Derrière le miroir, n°64, Avril 1954.)
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Deux hommes et un arbre
François Augé (poète) et moi-même nous nous donnions rendez-vous près d'un noyer du blésois, au lieu-dit "la Croix verte", au bord d'un chemin de campagne ; ainsi nous l'observions chaque mercredi durant un an, de février 1999 à février 2000. La violente tempête de décembre 1999 abattit celui posté non loin qui était sur un terrain sablonneux ; ironie du sort, c’était le seul des deux à avoir prospéré en donnant d’innombrables noix cette année là. De cette confrontation régulière nous avons vécu cela comme une expérience du temps et de l'espace au travers de la poésie et la photographie.
Photos prises entre septembre 2002 à juin 2004 à la maternelle Clérancerie de Blois *, et finies en septembre 2006.
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Maxime N’Débéka rédigea des brèves de maternelle d’après les mots d’enfants sur leur école et les photos, afin de restituer la saveur de la poésie enfantine.
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Les couleurs de la mémoire
La cinquantaine d'images a été prise avec du films 6x6 noir et blanc, tirées sur un papier argentique à grain, virées chimiquement en sépia ou avec du sélénium, ensuite coloriées à la main aux crayons de couleur.
Ce procédé nécessite du temps et permet ainsi de retrouver la mémoire des couleurs. Les passages successifs avec les transparences des couches amènent peu à peu l'équilibre ; l’espace et le temps en deviennent intimement liés .
*Ce projet est né avec la complicité de la directrice, éveilleuse de l'art chez l' enfant,Yvette Ferrand.
Le texte du livre " Atelier des Silences "
a été écrit par
Michel Diaz
(écrivain, poète, dramaturge)
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Les photographies ont été prises aux anciens ateliers Cadou et au Dépôt-des-locomotives de Saint Pierre-des-Corps entre 1988 et 1990. A l'origine le texte fut écrit sous forme dramaturgique avec mise en scène des photographies dans le lieu même, ensuite il fut adapté au livre.
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La préface du livre est écrite par
Yves Bonnefoy :
Yves Bonnefoy est un des grands poètes de notre temps, né à Tours en 1923, son père a travaillé aux ateliers de chemin de fer de St Pierre-des-Corps. C’est avec beaucoup d’émotions qu’il nous livre ses souvenirs.
Le texte de Michel Diaz :
"Lignes, traits et pointillés",
accompagne ce travail.
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11 photographies (1988-90) faites avec
des tessons de poteries, brindilles et autres rebus
ramassés dans le lit de la Loire.
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...La forme germinée de l'image, d'éléments petits, humbles est la recherche car l'essence du jeu est ici présente dans sa légèreté, son éphémère émotion, sensation du mouvement, innée chez l'enfant, passer à autre chose qui échappe à l'ennui vers le renouveau, la découverte, le bonheur de juxtaposer les choses, à voir du sens, à faire jaillir des bribes même de sens...TC (notes)
"Bois Levé" et "les varennes* de loire":
Bois Levé a été le sujet d’une longue exploration photographique commencée en 1985 et finie en 1995 en Touraine (St Genouph, Luynes, Bréhémont (37)..., Chouzy-sur-Cisse (41)), pendant les saisons où les îles et les varennes de la Loire sont accessibles entre fin mai et début octobre.
Par le biais des bois flottés, qui ont été mis en scène, ces photographies tentent de tirer le portrait protéiforme et sauvage de la Loire, et d'approcher ainsi de ce qu’elle représente à notre imaginaire d’intime et de secret.
Entretiens avec Philippe Auclerc
In "Loire et ses terroirs":
...Il y a là un hommage à la sculpture populaire. Cela participe de la même intention que celle des bûcherons qui donnent une forme de vie à une souche de bois récupérée. Il leur faut s'occuper avec leurs mains, qu'elles taillent, sculptent…C'est un mode instinctif de l'approche de l'art, de vivifier la source de l'imaginaire d'origine animiste...
*Varennes : de vara = eau (du bas latin), terres en friches inondables., parfois mis en semi-pâturage (garennes).